Vases frappés à coups de batte de baseball, de haches ou de pieds de biches, ou encore éventrés et suspendus à des crocs de boucher; bustes mutilés; ornements arrachés et jetés en tas : les objets d’art de la série Sévices semblent avoir subis la rage d’une foule haineuse d’iconoclastes qui leur reprocheraient leur appartenance à la culture de l’élite. Pourtant, ces gestes violents n’aboutissent pas à la destruction des objets. Ceux-ci démontrent plutôt leur résilience – dans tous les sens du terme – et renaissent sous des formes inédites et surréalistes, qui génèrent des réactions émotives mêlant le tragique au comique.
À première vue, les vases de la série Détournement semblent tout à fait normaux. Un regard distrait n’y voit rien de plus qu’un de ces inoffensifs objets décoratifs dont regorgent les musées et qui ornent les demeures aristocratiques. Pourtant, les scènes et motifs qui décorent ces vases prennent le contre-pied des décors qui leurs sont traditionnellement associés : des autoreprésentations hystériques remplacent les sages portraits d’aristocrates, l’entrée du camp d’Auschwitz se substitue à la traditionnelle vue de château, les abeilles impériales se changent en mouches macabres, inoculant ainsi étrangeté et morbidité au sein de l’objet. Cette tactique de détournement du sujet des motifs me permet d’aborder des sujets universels, tels les inégalités sociales et leurs corollaires, les guerres et émeutes, les phénomènes migratoires tragiques ou encore les atteintes à l’environnement. Sujets tragiques pour supports classiques.